Aux origines de la Webradio

Parfois, il faut que j’explique l’origine pour laquelle j’ai commencé à réfléchir un jour à faire de l’animation radio. Le monde tel que j’ai grandi et réalisé mes meilleurs articles, mes meilleures enquêtes, mes meilleures photographies ne sont plus reçues de la même façon et le changement du monde s’accélère. Nous sommes passés progressivement à une société qui tenait encore la route à une société de consommation. Je pense que l’énergie pour écrire va de pair avec la fibre et la recherche du rapport « quantité/qualité » s’avère abstrait. Ainsi, j’ai compris qu’écrire avec un auditoire qui diminue n’est pas vraiment ce que je cherche surtout dans le monde politique.

Le chemin que j’ai vraiment réfléchi s’avère être une traversée assez longue du désert au travers d’une dépression. J’en suis sorti victorieux de cette dernière et je l’ai mise au tapis. J’ai longtemps réfléchi à faire de la webradio quand les temps s’avéraient sombres. L’idée émergeait, mais je n’avais clairement pas les outils adaptés. Il aura fallu que je fasse plusieurs accrochages avec des échecs pour comprendre réellement ce que j’attendais de « moi » et ce que je voulais réaliser comme montage. Dans mes phases maladives, j’ai essayé de lancer une webradio sous « Révolution et Libertés », cela fut un grand échec.

J'ai essayé de diffuser une grande variété de musique, mais je n'avais pas compris que si j'étais un responsable avec des difficultés, je fu certainement un animateur de géni (je n'ai pas la grosse tête). La webradio fut pour moi comme la chanson d'Alan Stivell une certaine forme de Délivrance.

Certainement, le temps serait long et les choses clairement différentes, mais il aurait fallu une volonté de renaître tel un phœnix. Au travers des cendres et du chaos, se cache la lumière. Je pense avec beaucoup de volonté et de sublimité qu’au travers de 1100 – 1200 articles rédigés, le temps est venu d’aller vers autre chose et d’en terminer progressivement avec la politique, car la façon qu’elle se construit n’apporte que le fascisme et la guerre sociale et ethnique. Il paraît que les personnes ayant vécu des traumatismes voient le monde sous un angle nouveau.

Je pense que nous changeons en termes de communication. Le blues du blogueur, je le connais. Parfois, il suffirait d'un changement pour réaliser que la musique peut faire le lien entre l’aspect dépressif et l’aspect musical. L'autre jour, je regardais un documentaire sur Robert Johnson comme Cross Road Blues, j'étais impressionné par l’approche musicale dans la fin des années 1920, c’était il y a quasiment un siècle et des différents textes. Le lien d’un artiste qui débouche sur les raisons pour lesquelles j’écoute de la musique devenait évident.

J’avais foncièrement aussi une certaine forme de colère et je sais que je n’écoute plus Genesis comme je l’avais eu par le passé. En effet, la fièvre évangéliste m’a poussé dans le cœur des chansons comme Devil Got My Woman de Skip James. Je ne crois plus vraiment en Dieu comme je l’avais été auparavant dans une Eglise opaque et clairement aux antipodes de tout ce qu’il devait se faire. Entre temps, elle a changé de nom, mais il s’agissait clairement d’une volonté de m’extirper comme le disait si bien de la chanson Chase The Devil dans un autre style.

La question assez simple s'est posée sur l'envie et les idées qui sont les origines de l’écriture. Le lien entre l’audio et l’écriture apparaît certainement différent par rapport à ce que j’ai pu faire dans le passé. J’ai réalisé des podcasts, mais rien en se retrouvait dans l’approche de réaliser une approche radiophonique.

Je crois que les échecs permettent de construire ce que nous sommes et notamment dans le monde dans lequel nous vivons. Le néolibéralisme apparaît comme une logique où nous sommes devenus d’une certaine manière tous des entrepreneurs livrés dans une guerre de tous contre tous. En effet, ce massacre au nom d’une concurrence chimérique devient abstrait. J’ai longuement investi dans du matériel, j’ai longuement consenti à réaliser ce que je savais faire de mieux. J’ai une connaissance musicale que je pense importante. Elle a été mise à la logique de nombreuses personnes. Je pense aussi que la webradio s’accompagne comme l’avenir des supports, même si elles sont en constante augmentation.

Quand je passe la version d’Eric Clapton, I Shot The Sheriff, je connais les raisons qui m’y amènent. Je sais très bien que je n’ai pas renié le caractère politique de ce que je peux faire.

Un nouveau support culturel apporte la joie et la bénédiction à de nombreux auditeurs. Je sais que j’arrive au changement progressif à les faire entrer dans un état de Chill.