En 2015, je passais le concours dans l’un des meilleurs Hôpitaux du Monde pour entrer l’école d’aide-soignant (IFAS). La Pitié-Salpêtrière m’a permis de rentrer au sein de l’IFAS Saint-Louis. Ma session et mon école ont été touchés par les attentats de 2015. J’en ressortirai diplômé en 2017.
J’ai été salarié de la Croix-Rouge Française entre 2017 et 2022 (en CDI) et j’ai fait des vacations en CDD en 2016 chez eux sans avoir le DEAS. Parfois, on regrette le temps passé et que finalement la CRF est peut-être mieux que les multinationales. En effet, certaines familles payent des prestations qui valent occasionnellement plus de 4000 euros alors qu’elles n’en valent pas 2000 euros. Je vous laisse penser où va l’argent (pas dans l’argent du salarié, car c’est l’ARS qui paie).

J’ai dû déménager dans une autre ville en arrivant sur la Sarthe au cœur du quartier des Sablons dans la ville du Mans, cela ne fût pas vraiment facile en raison de problème avec la propriétaire de l’époque, mais si elle était plus une marchande de sommeil qu’autre chose.
J’avais été radié de Pôle Emploi (Cap Emploi) en raison de mon handicap en septembre 2023. J’avais expliqué dans la lettre pour dénoncer qu’il n’était pas médecin et que leur décision allait avoir des répercussions sur ma santé. Et j’avais raison, les policiers de Pôle Emploi devenu France Travail s’inscrivent dans le fait de « Surveiller et Punir » afin de mettre au garde-à-vous les personnes considérées comme « parasite » au sein de notre société. Ce sont des personnes qui n’accompagnent pas, mais qui sont là pour broyer et briser les personnes précaires.
Faute de rentrée d’argent par l’ARE sous laquelle j’avais côtisé, j’ai dû retourner faire le métier d’aide-soignant alors que je m’étais dit : plus jamais dans le monde des soins.
Je suis rentré dans la boite où je suis le 28 ou 29 octobre 2023. Auparavant, j’avais fait un mois d’intérim chez Adecco Médical. Et ça s’était très bien passé. Je voulais plus de stabilité et un lieu près de mon domicile et je suis tombé sur le lieu actuel. Entre-temps, j’ai déménagé, mais ce n’était pas vraiment très loin comparé à la région parisienne. Si entre novembre 2023 et septembre 2024, ce fut un moment merveilleux et incroyable à bien des égards. Tout a basculé après cette date. Déjà, mon séjour en réanimation suite à une crise d’asthme (dont l’entreprise est responsable à cause d’un problème de four à micro-onde qui a dégagé une odeur de brûler dans l’enceinte de l’établissement) m’a permis de mieux saisir ce qu’il allait m’attendre et sur qui je pouvais compter : pas sur l’entreprise. Tout cela n’était donc qu’une façade.
À partir de ce moment précis, j’ai compris que le slogan qui fait office d’idée au sein de l’entreprise reposait sur une chimère et qu’on vendait du rêve aux salariés, mais aussi aux résidents et leurs familles. Cela permet de mieux comprendre la suite des choses.
J’ai vu des choses par forcément déontologique, mais le 04 avril 2025 : j’ai pris une décision assez rare, mais assez commun suite à une réunion disciplinaire avec mon employeur sous fond de mille-feuilles de reproche et de validisme exacerbé. L’entreprise pour laquelle je travaillais a été racheté en octobre 2024 sans qu’on nous ayons été informés (au grand mépris de la loi Sapin 2) et le dialogue social y est absent sous fond de monologue d’une direction ne venant pas du paramédical. Je l’avais remarqué dans la signature de l’avenant de mon contrat en janvier 2025 me faisant passer de nuit. Les deux sociétés étaient différentes et cela m’a mis franchement en colère par le manque de considération à notre égard.
Dès le départ de la signature de mon Contrat à Durée Indéterminée, les choses se sont envenimées : nouvelle direction, nouvelle méthode, dont le totalitarisme. Les humains ont laissé place à des personnes qui réagissent comme des robots, peut-être en raison de leur champ réel de compétence ?
Certes, je suis loin d’être parfait et les reproches sont souvent plus une torsion de la réalité et les affirmations qu’on m’ont été faites ne méritait pas d’argumentation, car une sanction disciplinaire était déjà prise. Parler avec un mur n’a aucun intérêt, je pense à bien des égards. Même le mensonge le plus grand de la part de la part direction en disait long, il partait d’un postulat et celui était vrai, mais uniquement dans un monde alternatif. C’est la fameuse vérité alternative. Je savais que j’allais être licencié, puisque dès le mois de septembre, quelques jours après signé mon CDI, j’étais sur une liste de personnes qu’il fallait mettre dehors et toutes les raisons auront été bonnes.
Certaines familles de résidents quand j’étais de jour m’expliquait avoir peur de représailles de la direction pour leur proche qui était soigné dans la structure. D’autres résidents parlaient d’un système qui avait été décrit dans un livre sur un autre groupe assez similaire qu’on retrouve ici. Certains résidents avaient faim le soir et on leur expliquait que le grammage des aliments étaient conformes aux règles prédéfinies. Par exemple, une entrée le midi reposait sur 50g, ni plus, ni moins. Cela semble malheureux, mais ce n’est pas ma parole, ce sont les leurs et ils n’ont jamais été écoutés quand le problème vient d’en haut et de sa gestion robotisée d’êtres humains.
J’ai demandé une rupture conventionnelle et entre temps, cette agression importante qui mériterait des poursuites juridiques et judiciaires a affecté durablement mon état de santé qui fait suite à un ensemble de procédé à mon égard vicieux et subtile. On m’a informé que le procureur lisait les transmissions et les plans de soins. Est-ce qu’il comprendrait également ce qui est marqué et la nuance dans laquelle cela est écrit.
Je parlais à une amie qui me connait depuis une dizaine d’années, elle me disait que mon état psychique depuis octobre résultait d’un véritable acharnement et que mon approche s’avérait en d’autres termes différents, car je travaillais avec des êtres humains et que je prenais aussi le paramètre que j’étais aussi un être humain. Les investissements de temps auront été quelques choses à proscrire et à bannir.
Le procureur de la République n’a qu’à bien se tenir, j’ai notifié entre temps dans l’établissement où je suis toujours en fonction en attendant une issue. Puisque lors de l’entretien, on me référait à cela, je crois sciemment que c’est une mauvaise idée et qu’il ne faudrait pas trop y penser. Élargir une enquête, ça se fait et cela peut toucher des thèmes assez sensibles.
L’entreprise est d’ailleurs tellement cohérente et a des valeurs importantes qu’une personne ayant fait un abandon de poste revient avec un Contrat à Durée Indéterminée. Cela montre bien qu’en réalité, nous n’avons pas les valeurs et pas la même vision du soin. Les soignants jetables aujourd’hui finissent par partir ou être mis à la porte et ne reviennent jamais dans le monde des soins. J’en suis justement arrivé à cette solution-là. Lorsque je serai définitivement en dehors de l’entreprise, j’ai une phrase à dire : l’entreprise a perdu un salarié, le paramédical a perdu un soignant.
Entre-temps, je le disais plutôt que le validisme exacerbé aura raison de moi : j’ai décompensé. En 45 minutes, ils ont détruit près de 5 à 7 ans de soin. Ce n’est pas acceptable. Et ça se dit prendre soin des autres ? S’ils ne sont pas capables de prendre de leurs salariés, ils ne seront jamais capables de prendre soin de résidents.
Pour les diplômes d’État, il existe effectivement une commission disciplinaire pour les cas graves de manquement aux soins auprès de la Direction Générale de l’Offre du Soin (DGOS). Dans ce cas, une procédure existe afin de se faire retirer son diplôme et qu’elle ne soit plus mentionnée dans les bases de données. En l’espèce, je pense que le diplôme pour lequel j’ai été formé n’existe plus et que la crise du paramédical subjuguée à celle de la crise sanitaire a changé radicalement les pratiques et le diplôme a subi une réforme tant attendue.
Aujourd’hui, je suis en mesure de vous expliquer que je suis prêt à faire examiner par une commission mes nombreux arguments qui permettraient de remettre en cause sur une argumentation fondée sur le droit. Or, la particularité réside qu’il n’existe pas de réserve pour donner suite à ma demande, alors, il faudra trouver une contorsion du droit dans ce cadre. En effet, ce monde se perd justement parce que les « valeurs du soin » sont sacrifiés sur l’autel du totalitarisme et du profit.
Hier, j’ai eu une envie de faire un projet de devenir un Infirmier. Je pense que j’en ai les capacités, mais franchement, ça n’en vaut pas le coup de donner du temps pour le même système qui détruit du soignant.
J’ai des valeurs et une amnésie traumatique très importante en lien avec ma pathologie. La violence de l’entretien fait que les éléments antérieurs avant le 04 avril 2025 sont quasiment inexistants et si j’ai des souvenirs, cela revient uniquement parce que je les ai notés quelque part. Quand on ne se souvient plus de la forme de son lieu de travail, le nom des collègues, le nom des résidents, c’est que les conséquences sur la santé sont redoutables.
Et pour la suite ? Pour le moment, j’attends effectivement. Mais ce n’est qu’une question de temps.