La question de l’avortement suspendue aux Etats-Unis d’Amérique

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La cour suprême des États-Unis d’Amérique a invalidé l’arrêt Roe vs Wade enlevant l’ensemble du caractère constitutionnel au travers de sa forme dérivée. La jurisprudence est attaquée depuis près de cinquante ans par les ultraconservateurs. Dans ce sens, l’avortement n’est plus garanti au travers de l’interprétation de la constitution. Cela permet de souligner que les ambitions réactionnaires dominent une Amérique où le Trumpisme, c’est-à-dire le fondamentalisme religieux soumis à des organisations terroristes comme les Proud Boys.

Le terrorisme réside dans le fait de pratiquer une politique par la terreur. Nous sommes pleinement dedans. Les partisans ayant échoué à un Coup d’Etat afin de faire basculer les États-Unis d’Amérique dans une dictature y voient une forme de victoire. Ils utilisent les pions qu’ils avaient positionnés les uns après les autres. Ainsi, la Cour Suprême devenue conservatrice applique le programme de Donald Trump en retoquant loi après loi, mais aussi en annulant des jurisprudences afin de laisser le champ libre à une théocratie sous la coupe de la “Sainte-Bible”.

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Il convient de souligner que “l’Amérique blanche” qu’il faut comprendre par l’Amérique “intégriste”, “obscurantiste” et “liberticide” semble gagner une victoire décisive pour son projet sociétal. Cela permet d’une certaine manière que les “libertariens” et les “illibéraux” semblent s’être allié pour combattre l’ensemble des libertés individuelles et droits fondamentaux à de nombreuses femmes. Dans ces conditions précises, il apparaît clairement que le retour d’une fracture d’une Amérique s’étant réfugié dans la “confédération” en dit long. Cette dernière liée à la guerre civile américaine n’a toujours pas été intégrée afin de faire une Amérique un véritable melting pot. Faute de pouvoir brasser les cultures, les conservateurs d’aujourd’hui, dont l’origine remonte au KKK et à l’esclavagisme dans les Etats du Sud. La vision promut l’idée d’une Amérique foncièrement ségrégationniste remonte dans son fondement. L’idéalisation suggère un “retour vers le passé”. Le temps passe, mais les “ultraconservateurs”, c’est-à-dire des arriérés, souhaitent revenir clairement à un mode de vie “Amish” tout en gardant l’apport technologique.

Dans ces conditions, les différents réseaux clandestins vont être réenclenchés afin de sauver des femmes ne souhaitant pas une grossesse. En effet, l’abrogation totale des Etats-membres de l’Union n’empêchera pas ces derniers de se faire. Dès lors, il s’agit d’une véritable hypocrisie de la part des Conservateurs du Great Old Party. Il s’agit d’une démonstration d’une certaine puissance, mais les avortements continueront. Ainsi, les personnes qui avorteront pour des raisons diverses risqueront tout de même la réclusion criminelle à perpétuité. Par le passé en France, les “tricoteuses” étaient condamnées à la “peine capitale” (au travers de la guillotine) comme Marie-Louise Giraud et Désiré Pioge.

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La liberté de “procréer” et d’être maître de son corps, c’est le slogan originel féministe : “Mon corps, mon choix”. Le choix de la procréation appartient à la femme. Elle est maître de son destin, mais aussi de la gestion de ses organes. Pourtant, au travers d’une lecture abstraite où les interprétations sont rendus caduques, la question de l’individualisme et du respect de la vie personnelle permet à ces personnes de remettre en cause un pilier de la vie démocratique. En changeant la jurisprudence afin de promouvoir une interdiction, cela laisse songeur. Le “mouvement pro-life” risque de tuer des milliers de femmes au moment où une femme décède toutes les sept minutes d’un avortement clandestin. Ainsi, le “mouvement pro-life” ne défend pas la vie, mais il s’agit d’une organisation sectaire ouvrant la volonté de tuer des femmes au nom d’idées obscurantistes. En défendant sciemment le “crime organisé” au travers des évangélistes, les juges conservateurs ont fait passer l’intérêt des fondamentalistes au-dessus de l’intérêt des États-Unis d’Amérique. En se positionnant dans une lecture partisane et militante de la Constitution, les juges conservateurs ont failli à leur tâche. À partir de là, ce n’est plus des juges, mais bien des politiciens avec un calendrier de “contre-décision” comme le “mariage homosexuel” ou la “contraception”.

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Cela paraît foncièrement inquiétant pour l’image que donne l’Oncle Sam vis-à-vis du reste du monde. Dans un monde multipolaire, l’influence reste de mise sur de nombreux pays. Les conservateurs considérant le devoir de s’attaquer aux droits des femmes s’évertue d’une décision historique. Ce qu’il faut bien comprendre réside dans le fait qu’il s’agit d’une décision “masculine” sur des questions “féminines”. Dès lors, l’idée d’aller dans le sens que voudrait Dieu au travers d’une lecture austère, réactionnaire et sur-interprétative. Ainsi, il ne s’agit pas d’aller dans le sens d’une question éthique, mais d’une affaire de religion. Or, la religion s’avère un pilier pour l’Amérique Blanche. Les évangélistes y tiennent des discours d’une dangerosité importante. Les missionnaires des différents courants portent également des affirmations afin de déstabiliser les différents pays. Légion là-bas, ils commencent à pulluler en France où le “réveil protestant” fait son coming-out. Je connais très bien ces différentes emprises puisque j’ai été dans une église évangéliste. Via mon expérience, j’affirme que le danger religieux provient de ces courants fondamentalistes essayant de mêler la religion et la politique. Pire, ces associations cultuelles prient afin d’avoir un gouvernement le plus compatible avec leurs idées religieuses, c’est-à-dire des idées policées. Je ne parlerai pas du fait qu’elles amassent un véritable pactole afin de poursuivre leurs différents développements pour vivre en communauté.

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Les conservateurs y voient la réaction du phénomène “woke”. Or, en instrumentalisant afin d’augmenter les différentes lois racistes, cela permet de sous-tendre que les “anti-woke” ou plutôt les personnes atteintes de “wokephobie” (il faut comprendre la notion de rejet de la revendication des droits des minorités) de mettre sur le dos de façon “éhontée” sur les personnes et les femmes militant pour l’accroissement du droit des femmes à être maître de leur propre corps. Cette attaque laisse transposer une soumission des minorités et le racisme au travers duquel la société prolifère. La Cour Suprême des États-Unis d’Amérique reste à l’image du Rassemblement National de Marine Le Pen ou de Reconquête d’Eric Zemmour. La dernière décision allait dans le sens de la NRA au travers de la constitutionnalité du droit au port d’arme sur soi par tout temps. N’est-ce pas une vision de créer la terreur ? La Cour Suprême avec le GOP est devenue dans les faits une organisation promouvant les tueries de masse et le “terrorisme de l’intérieur” ou “terrorisme nationaliste”, c’est-à-dire un “terrorisme raciste”.

Cela ne peut que déboucher sur une accélération d’une déconstruction des liens qui font la “nation américaine”. Les amplifications de décisions considérées comme acquises devront (et c’est mon idée) être contournées au travers de la Constitution afin d’inscrire le “droit à l’interruption volontaire de grossesse” dans le marbre. En effet, il en va du progrès au sein d’une société foncièrement malade. Or, la réaction tout azimut dans l’ensemble des pays occidentaux témoigne d’une grande régression pour les femmes. Lorsque la droite conservatrice (Existe-t-il une autre droite ?) prend le pouvoir, ce sont les femmes qui trinquent. Une vigilance accrue devient nécessaire. Rien n’est gagné. Or, la position d’inscrire là-bas un amendement ou ici une réforme constitutionnelle nécessite de trouver un véritable “féminisme” et non du “féminisme washing”.

Le juge Clarence Thomas avance progressivement afin de faire un grand saut dans le passé de près de cinquante ans. Cela démontre objectivement la situation dans laquelle il se trouve. Englué dans les années 1950 – 1970 comme modèle de société, cela transcrit une vision d’être englué dans le passé. Les conservateurs sabrent le champagne y voyant une victoire et certains la consécration d’une lutte de toute une vie. Ironiquement, les “pro-life” sont les mêmes à défendre la peine de mort, c’est-à-dire le “droit de tuer” au travers d’une institution. Les Républicains ne sont plus à une dissonance prête. Autrement dit, il s’agit du droit à protéger ce qui n’existe pas et le droit de tuer ce qui existe. Les évangélistes aux États-Unis d’Amérique sont les islamistes en Orient et Moyen-Orient.

L’extrême-droite religieuse s’attaque toujours aux droits des femmes dès qu’elle possède l’opportunité de le faire. En effet, la lecture littérale de bout de papier permet de sous-tendre des interprétations tendancieuses. La Nation Américaine s’est construite sur le modèle du White Anglo Saxon Protestant. L’idée des Pilgrims au travers d’une approche rigoriste du Christianisme en dit long. D’ores et déjà une lutte pour “les droits civils” va se mettre en place au travers d’une bataille sans pitié contre l’intégrisme religieux.

Cela démontre particulièrement que rien n’est acquis. Il s’agit dans les faits d’un “combat quotidien”. Nul ne peut se reposer sur les lauriers. Le combat sera long.

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