Dans un monde ultra-libéral et libertarien, on peut jouir pleinement du slogan “mon corps, mon choix”. L’usage de l’adverbe permet de créer une différenciation avec l’usage tel qu’il était réalisé dans les luttes féministes dans les années 1960 et 1970. Au départ, il s’agissait entre autres de créer une émancipation réelle vis-à-vis de la domination masculine dans tous les domaines de la vie : habillage, maîtrise des appareils de reproduction, l’interruption volontaire de grossesse, etc. Il s’agit évidemment d’un réel progrès pour la condition des femmes et de facto pour l’ensemble de la société. Depuis cette révolution sexuelle, on voit que deux courants clairement antagonistes ont émergé : le libertarianisme (avec les différents sous-courants) et la position anarcho-communiste. On concédera qu’une partie des présupposés adversaires du système capitaliste et patriarcal n’ont aucune gêne à défendre les thèses libertariennes et à se revendiquer de l’anarchie tout comme du communisme. Les “libertés individuelles” sur “les libertés collectives” rappellent dans les faits que l’anarchisme individualiste de Stirner et du défaitisme révolutionnaire d’une partie de la classe prolétarienne ne sont que les bouts des tentacules d’un long désarmement du capitalisme vis-à-vis du camp du progrès.
Dans toute société, il existe des tabous. La question n’est pas vraiment de savoir si ces derniers sont négatifs comme positifs pour la société. Ainsi, la vision cohérente qui s’en dégage ne peut qu’aboutir au fait suivant que l’être humain ne pourra jamais pleinement jouir de son propre corps au regard des différents principes de l’éthique mise en place au travers d’une législation. Si la législation de nombreux éléments de lois peut être soumise à différentes controverses, la question fondatrice du libertarianisme débouche finalement sur les pires vices du capitalisme au travers de “la vente de tissus et d’organes humains” sous prétexte du choix. Tout ceci n’est guère rationnel au pays de Paul Lafargue. Cela peut paraître assez provoquant d’ailleurs, mais la “vente du corps de l’être humain”, sous quelques prétextes que cela soit, s’inscrit dans les pires dérives de l’espèce humaine. En effet, le “capitalisme sans tabou” admet que le “corps est une marchandise” finalement comme un autre. Ainsi, le “rein” ne serait finalement pas différent de celui d’un réfrigérateur. La question de la valeur prend également d’un ensemble de paramètres : qualité, rareté, etc.
La personne possède toujours la “liberté contractuelle”, mais dans une société où le dépassement de l’Etat est une réalité dans une époque pleinement capitaliste. Toutefois, la question de la “liberté de choix” au niveau d’une certaine éthique s’inscrit de façon pleinement dans le sens où là il n’y a pas d’éthique, pas de règles … Individualiste jusqu’au bout et dans ses retranchements, la question réside à savoir quelles sont les limites de “la liberté contractuelle” ? Comment peut s’exprimer une liberté de choix ? Autrement dit, il semble cohérent que nous ne vivons pas dans ces deux mondes en question.