Une crise systémique au sein de la Cinquième République

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Emmanuel Macron dans son allocution aux Français d’hier soir s’est adressé en filigrane aux députés. Pourtant, il suffisait de convoquer le Congrès à Versailles afin qu’ils puissent y faire un discours. Or, faute de courage, faute d’amour pour la République, il a préféré s’adresser aux législateurs indirectement. Cela témoigne d’une profonde amertume. En effet, le président a perdu son pari dans le cadre de la chambre basse du Parlement. Il avait mis ses députés choisis et triés afin de disposer d’une majorité absolue.

Ayant perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale dans le cadre d’un scrutin uninominal à deux tours, le véritable enjeu réside dans le fait d’élaborer des lois au travers d’un ensemble de compromis. Or, la majorité relative ne sait guère utiliser ces éléments. D’ores et déjà, l’allocution représente une forme de désaveux terrible pour le système présidentialiste à la Française. Une crise inédite sous la Cinquième République voit le jour. Elle risque de durer dans le temps.

Aucun parti politique ne souhaite gouverner. Élisabeth Borne avait pourtant remis sa démission au président de la République afin justement de former un nouveau gouvernement. Or, le président de la République l’a refusé. Cela témoigne d’une entorse aux différents us et coutumes dans la vie politique de la République. À partir de ce moment précis, le président de la République a choisi la “crise politique” comme moyen de gouvernance. De ce fait, il s’avère nécessaire de choisir entre le “bloc républicain” et le “bloc bourgeois”. Le “barrage républicain” se retrouve à partir de ce moment-là tombé aux oubliettes. Dans ce sens, il convient d’affirmer sciemment et en toute objectivité que les castors se retrouvent dans une dynamique où leur volonté s’est envolée. Il s’agissait en réalité d’une manœuvre afin d’accélérer l’union des droites.

Le fameux castor est même allé jusqu’à proposer une alliance avec le Rassemblement National de Marine Le Pen. Cela permet de soutenir clairement une vision d’ensemble du “front” ou “barrage” face aux ennemis de la République. Il y a quelques années, je disais que “voter Macron, c’était voter Le Pen”. Certaines personnes dans mon entourage raillaient profondément cet état d’esprit voyant une forme de “gauchisme”. Or, il s’agissait d’une forme de prémonition claire, voyante et absolue. Avoir plus peur de la “gauche radicale” que d’un parti ayant l’héritage au travers de la collaboration avec les nazis pose un véritable problème démocratique. En l’espace d’une vingtaine d’années, le problème n’est plus devenu de l’extrême-droite qui fut dédiabolisée, normalisée et mis sous forme d’une respectabilité dangereuse. Ainsi, la question demeure dans les faits qu’un parti ayant souhaité s’allier avec l’extrême-droite se doit d’être mis en dehors du champ républicain.

La lutte contre “les extrêmes” vantée par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne aura permis en tout point d’éclaircir la position républicaine de “renaissance”. Il semble nécessaire de souligner que le choix de “renaissance” s’inspirant certainement de “Renew” au niveau européen possède une histoire au sein de l’extrême-droite. En faisant ce choix, les partisans et soutiens du mouvement présidentialiste admettaient par volonté la compatibilité avec l’Extrême-droite. La dialectique dispose d’un sens. Les castors ont acté des faits : Macron et Le Pen roulent pour les mêmes idées avec simplement un enrobage différent.

Ensuite, le gouvernement actuel refuse de passer au travers d’un “vote de confiance” comme c’est le cas dans le parlementarisme à la Française afin de donner une légitimité parlementaire. Faute d’usage de cet outil indispensable à la vie parlementaire et politique, la crise ne peut que s’accentuer de jour en jour. Le blocage des institutions débouche sur une volonté de poursuivre le programme pour lequel Emmanuel Macron a été élu. Pourtant, tout le monde sait très bien qu’il ne pourra pas appliquer son programme issu du cabinet de McKinsey. Le président dans une trop forte estime de lui-même a regretté ne pas avoir la majorité absolue dite “solide”. Les réformes devront progressivement passer les unes après les autres au travers d’un système d’alliance dans le cadre d’un contrat de gouvernance ou des réformes taillés sur pièce. Les différentes prérogatives de la Constitution permettent dans ce point d’utiliser des mesures autoritaires à l’image d’une “monarchie présidentielle” comme les ordonnances, le 49.3, etc.

Au contraire, Emmanuel Macron a toujours voulu d’un groupe parlementaire caporalisé en rebus de toutes les lois concernant le “mandat impératif”. Les éléments de langage tendent naturellement à sous-entendre qu’au travers toujours de la Constitution, la position du mouvement “ensemble !” (résultant d’un plagiat du parti Ensemble) se retrouve progressivement dans une dynamique dangereuse. La machine s’enraye, la machine se retrouve dans une situation inédite. La question résulte de savoir si la façon de gouverner de la présidence de la République va changer de fond en comble ou s’il y aura de simple rustine afin de poursuivre l’effort financier pour soutenir les entreprises, les actionnaires et les plus aisés. À partir de ce moment précis, une crise institutionnelle nécessite une forme d’introspection profonde, mais aussi de trouver des solutions au cadre de la Cinquième République. Je pense sincèrement que nous devons changer de République afin d’aboutir à un véritable système parlementaire afin de faire entrer la France dans les “grandes démocraties” et non plus dans une “République bananière”.

Une société ingouvernable

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Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue (dit “solide”) à l’Assemblée nationale dans le cadre des élections législatives. Les électeurs ont propulsé la NUPES avec 139 sièges, mais aussi le Rassemblement National avec plus de 80 sièges. Le bloc bourgeois en ressort consolidé.

Le mouvement présidentiel pourra sans nul doute gouverner avec les conservateurs ultra-libéraux et l’extrême-droite puisqu’ils partagent ensemble la même rengaine envers les travailleurs et les pauvres. Dans un contexte de crise économique, sanitaire et écologique, les différents partis issus des urnes reviennent dans une dynamique où l’autoritarisme ne sera que le visage d’un pouvoir en perdition. Les “grandes démocraties” s’établissent sous la forme de grandes coalitions. Les réformes structurelles tant voulues la majorité afin de financer l’assistanat des entreprises et les cadeaux des plus aisés, je noterai qu’il y a une forme hypothétique du climat au travers d’un Greenwashing. Cela permet de sous-tendre que la “réforme des retraites” ne permettra pas de financer les retraites, mais qu’il s’agit d’un véritable “rapt en bande en organisé”.

Les éléments de langage débouchent clairement sur une “société ingouvernable”. Les éditorialistes de droite voient commela France comme un pays irréformable. Or, le problème ne réside point dans le fait de poster des réformes substantielles vers l’amélioration de la qualité de vie, mais bien dans une dimension où elles ne profitent finalement toujours aux mêmes personnes, aux mêmes groupes d’intérêts, c’est-à-dire, ce sont des réformes corporatistes. Une des raisons sous-entend que le néolibéralisme reste une forme de néo-corporatisme. Voilà le danger qui guète les travailleurs au moment où les pressions de la “fameuse” Commission européenne de Bruxelles se font sentir. Gouverner, c’est faire des choix, je l’entends parfaitement. Or, l’idée de gouverner avec l’intérêt supérieur de la nation démontre clairement une forme de patriotisme, de chauvinisme, et même des éléments du nationalisme.

La société bloquée débouche nécessairement sur une société “violente” où les libéraux de toute obédience vont accélérer la destruction systématique du “mode de vie” français. L’exception française donne du tort à remordre pour les prochaines années à un pouvoir en perdition. Au moment où la “droite présidentielle” a agité le “drapeau des extrêmes” sous forme d’inculture politique, elle a favorisé l’extrême-droite qui ironiquement appelait à un “front Républicain” contre le “péril communiste”. Nonobstant cet appel saugrenu, le fait que je parlais d’abandonner le “Front Républicain” pour un “Front Progressiste” en dit long. À partir de cet élément, il convient d’admettre que les différentes forces en présence auraient pu balayer l’extrême-droite. Or, le fait que la date quasi-symbolique de la “marche sur Rome” soit utilisée pour les néo-fascistes de former un groupe à l’Assemblée Nationale permet de démontrer par tout temps que le néolibéralisme 1 est un “fascisme”. Dès lors, la marche sur l’Élysée au travers de xénophobes, d’antisémites (et négationnistes), de racistes anti-musulman, de masculinistes permet de créer un véritable malaise.

Nous n’oublierons pas également que le président de la République au travers de Gérald Darmanin a essayé de dissoudre La GALE au nom de la “loi contre le séparatisme”. Le présumé violeur (trois accusations en cours) a caressé dans le sens du poil la demande de la droite extrême et de l’extrême-droite. Il en a été de même avec Nantes Révoltée. Cela permet de voir que la “droite présidentielle” d’un ministre passé par l’Action Française reste sur les éléments de langages précis : les extrêmes se rejoignent. Or, de façon précise, cela permet de sous-tendre qu’à l’heure d’aujourd’hui, la Macronie et l’extrême-droite ont un programme assez similaire. Étonnant non ?

La Macronie s’était fait l’enjeu de faire baisser l’extrême-droite dans les urnes. À défaut d’avoir mené une politique progressiste au travers d’un socialisme-libéral et exacerbé les peurs d’un électorat conservateur, ils ont au contraire donné l’échelle et fait comme un marche pied à l’extrême-droite afin qu’ils puissent entrer dans le Parlement. Ils portent désormais une lourde responsabilité. Le temps du progrès apparaît loin, nous voici dans le temps de la réaction. Dès lors, le fait de dissiper la théorie fumeuse très appréciée par les Macronistes de combattre les “extrêmes” en dit long. Faute d’une culture et de bagages adéquats, nous entrons progressivement vers une époque dangereuse. L’extrême-gauche, ce n’est ni Mitterrand, ni Mélenchon, mais bien Lutte Ouvrière & co. Ne pas le connaître ou ne pas l’identifier témoignent d’une vision clairsemée où l’absence de maîtrise des sciences politiques et un détachement de la réalité en dit long.

Or, le mouvement présidentiel ayant agité le “spectre rouge” et “l’extrême-gauche” entend clairement s’allier avec l’extrême-droite comme le souligne Eric Dupont-Morretti. Nous sommes dans la démonstration absolue du fameux slogan de la bourgeoisie affirmant “plutôt Hitler que le Front populaire”. Cela permet de voir qu’à force de tirer la “fenêtre d’Overtone” vers l’extrême-droite, la Macronie est devenue Lepéno-compatible.

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