Le fédéralisme pour sauver l’Europe et le progrès

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La longue question de l’Europe fait clairement débat au sein des partis se réclamant du progrès. Il ne fait guère de doute que ces dernières décennies, nous avons perdu la bataille des idées. Aujourd’hui, en ce début des années 2020, un projet peut naître clairement de la volonté de vouloir souder une Union Européenne basée sur d’autres valeurs.

En tant que communiste, je l’assume clairement : la solution ne se situera pas au niveau national, mais bien au niveau supranational. Dans ce sens, il convient de remodeler de fond en comble ce qui fait l’Union Européenne afin de créer un véritable chemin progressiste loin du carcan actuel de l’austérité et de l’ultralibéralisme à tout-va. Ainsi, il ne fait guère de doute que je crois foncièrement au destin d’une “Europe Fédérale”. Logiquement, le projet socialiste dans le cadre d’un projet fédéral a encore de nombreuses barrières qui le bloquent et l’en empêchent de créer une alternative concrète afin de redonner de l’espoir à des centaines de millions de personnes.

Il ne fait guère de doute que l’époque soviétique au travers d’une bureaucratie qui a conduit au totalitarisme sous le stalinisme et bien d’autres dictatures. Nul ne peut remettre en question les faits clairement établis par les différentes recherches historiques en la matière. Ainsi, nombreux sont les Etats se réclamant du socialisme qui ne sont dans les faits que des formes exacerbées du “capitalisme d’état”. Or, le capitalisme étatique, mixte ou d’obédience libérale reste d’une manière ou une autre le capitalisme, mais les régimes avec parti unique ont la particularité d’être des dictatures. Ainsi, le sujet du socialisme tout comme du communisme a laissé des séquelles dans les pays de l’Europe de l’Est. Cela est compréhensible, mais un apprenti-dictateur comme Viktor Òrban n’est-il pas un capitaliste ? Le capitalisme dans sa forme extrême porte en lui les germes de l’autoritarisme et de la dictature sanglante tout comme des millions de morts qu’ils causent indirectement chaque année. Pourtant, nul ne critique ce système philosophique et économique. Ainsi, l’exploitation peut perdurer. Le capitalisme n’est pas remis en cause malgré des dictatures sanglantes sous des formes totalitaires et fascisantes.

Ensuite, le patriotisme européen au travers d’un drapeau critiquable témoigne d’une volonté de s’axer et de sortir au travers de la vision “internationaliste”. Or, ce qu’il me chagrine dans le terme de “l’internationalisme” réside dans le fait qu’il fait intervenir le “nationalisme”. Il est vrai que pour reprendre Michel Winock, il existe différents types de nationalisme : ouvert, fermé et républicain. Nous nous situons dès lors dans un “nationalisme républicain” à l’image de Robespierre tout comme de Gracchus Babeuf. Dès lors, se fonde clairement une vision émanant des mouvements révolutionnaires de 1780 – 1790, et de 1848. La question de la patrie n’était pas autant déformée qu’elle l’était actuellement par l’extrême-droite et les différents partis se réclamant de la droite. Subjectivement, cela a créé une distorsion dans les faits au niveau de la représentation de l’Etat et de la République. Le patriotisme, c’est la guerre comme une nuée ardente et l’impérialisme en ce qu’il concerne la France. Ainsi, l’internationalisme doit laisser place au “mondialisme” afin de rejeter la question même du nationalisme tel qu’il est pratiqué actuellement.

Il convient également de souligner que le patriotisme tel que je le critique débouche sur un amour de façon inconditionnelle à la nation. Certains revendiqueront la différence entre le patriotisme et le nationalisme. Dans les faits, l’amour de la patrie ou la défense incommensurable de la nation afin de faire passer le collectif au-dessus des individus au travers d’un ethno-différentialisme laisse entrevoir d’une forme ou d’une autre que nous sommes dans une période phare où le rééquilibrage des forces politiques s’articule sur des valeurs élémentaires. En cette période où l’extrémisme galvanise les foules au travers du populisme tout comme de l’ignorance, il convient de remettre les pendules à l’heure. Le populisme n’a pas sa place dans un quelconque matérialisme tout comme le démagogisme.

Le fédéralisme rejeté en 2005 sous la forme d’une constitution européenne ne me permet pas d’avoir une vision objective. Cependant, je pense que la construction d’une Europe Fédérale doit se construire avec le consentement éclairé des citoyens. Toutefois, le fédéralisme intégral importe une nuance de bout en bout à une telle vision. En effet, il permet de créer une grande autonomie aux Etats tout comme de créer un socle commun. D’une façon ou d’une autre, nous avons déjà une monnaie unique (même si j’aurai préféré une monnaie commune) au travers d’une Banque Centrale Communautaire, un Parlement et un Territoire. D’une manière ou d’une autre, l’Union Européenne se construit comme celle d’un Etat-Nation en train d’émerger. Je pense fondamentalement que nous n’aurons pas le choix que de pousser la porte afin de ne pas être dans le mur. La question qui peut créer une distorsion, réside dans le fait le question vis-à-vis du remboursement (ou pas) de la dette publique et privée.

De nos jours, la lente déliquescence des politiques au sein des différents Etats au travers de la montée des idées d’extrême-droite au sein de tous les partis politiques se traduit par un retour en puissance de la question du “parti de l’ordre” afin de créer une société autoritaire. Or, nous le voyons clairement qu’une tangente peut être prise afin de créer une alternative à la question d’une Europe Ultralibérale. Bien évidemment, cela incombe de modifier l’ensemble du socle des différents traités en l’état afin d’aboutir à une vision plus égalitaire et plus sociale. Le “social-libéralisme” ne fonctionne pas actuellement. En effet, il y a le néolibéralisme, mais sans l’aspect social. Or, c’est justement ce manque de politique sociale qui se traduit dans les faits par un scepticisme vis-à-vis de l’Union Européenne. Cela se matérialise par une grande fracture au niveau de la France : les classes populaires rejettent l’Europe alors que la bourgeoisie soutient massivement l’Europe. Ce paradoxe se traduit par une incompréhension au niveau de la société. Ainsi, se construit le cauchemar de l’illibéralisme et du repli sur soi.

Enfin, la question de l’attache à l’Union Européenne doit permettre d’effacer la question même des nations, le risque de créer une nation au niveau supranational peut résider dans le fait même de l’explication de cette dernière. Ainsi, il convient de réaliser une déstructuration même des nations afin d’arriver d’une manière ou d’une autre à une forme même de l’individualisme sans aller dans le concept même dans le sens de l’individualisme méthodologique si cher au néolibéralisme et à toute forme de néolibéralisme passant les libertés économiques au-dessus des libertés individuelles et communes.

Une révolution communarde pour une République fédérale

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Nul ne peut douter que je sois foncièrement fédéraliste et opposé au règne d’un jacobinisme ultracentralisateur. Dans les conditions, il s’avère fondamentalement que je ne perçois pas la vision de notre société s’inscrivant dans un État unitaire. En effet, la démocratie de demain devra créer davantage d’autonomie pour les régions, les départements et les communes surtout qui sont l’unité fondamentale de la démocratie. Les élections par le système représentatif ont atteint leurs limites. Le Parlement bicaméral en France s’inscrit dans une situation particulièrement antagoniste à la vision jacobine. D’un côté, l’Assemblée Nationale représente les citoyens en âge de voter alors que le Sénat représente les élus. Ainsi, nous avons un Parlement sous une forme fédérale dans un État unitaire. La vision logique voudrait que nous en terminions avec la “république une et indivisible” afin de la morceler en différentes fédérations sous la forme d’un régionalisme.

Le fédéralisme est souvent mis à l’écart en raison de la volonté de faire régner la pensée unique alors que le droit s’est clairement décentralisé au fur et à mesure des gouvernements successifs. La position fédérale inaboutie pendant la révolution de 1789 laisse en elle tout de même un idéal et une grande richesse en termes de démocratie. En effet, le “roman national” hérité de la troisième république voudrait nous faire croire que nous sommes dans un pays où la langue a toujours été le “Français” dans toutes les régions. Dans les faits, il s’agit de l’école jacobine qui a obligé et soumis des pans entiers de certaines régions à se déculturaliser au profit de l’État central. Dans ces conditions, il s’avère que l’effacement culturel comme en Bretagne s’avère être le fruit d’une identité chimique afin de recréer une Histoire entièrement artificielle. L’éloge de la République saurait se traduire dans les faits par la réalité qui la rattrape : les mouvements ouvriers et prolétaires y ont fait face. La plus grande expérience fédéraliste en France, reste celle du mouvement communard de 1871. Le rêve d’en finir avec la IIIe République de ceux qui ont travaillé pour Napoléon III s’inscrivait dans l’accomplissement d’un autre idéal Républicain. Nous entendons souvent de la part des bourgeois que nous serions antirépublicains et que nous présenterions une menace pour la société.

La question des débats dans le fait de fonder un État moderne s’inscrit en particulier dans le soubassement vis-à-vis de la République. Dès lors, il convient de structurer différemment notre République afin qu’elle prenne en compte les ambitions du “monde d’après”. Dans un contexte où les arrivistes et les féodaux deviennent majoritaires, la volonté de faire main basse sur la République devient omniprésente. Il ne suffit pas de se réclamer “républicain” pour être “républicain”. La République est une philosophie et un mode de vie. Dans le cadre présent, la “République” que je défends est clairement plurielle avec des valeurs larges. Ainsi, une constitution fédérale n’empêche pas des constitutions fédérées en accord avec la constitution. Cela permettra entre autres de créer un “Cour Constitutionnelle” avec des juges et non des personnalités politiques. Dans ce sens, certaines valeurs n’ont pas à être négocié comme la devise de la République, la laïcité qui implique l’abrogation du Concordat en Alsace-Moselle, etc. Cette position s’inscrit naturellement dans un virage progressiste de fond. N’est-ce pas d’ailleurs une ironie que tous les partis, syndicats et grandes associations ont un modèle fédéral ou confédéral alors que la nation est “unitaire”. Ainsi, il convient d’emboîter le pas sur le modèle réalisé au niveau de la vie sociale afin d’octroyer davantage de libertés individuelles. Dans le tournant actuel, le renforcement de l’État unitaire se solde par une vision de plus en plus autoritaire et liberticide.

Il convient de refaire un rêve que je fais régulièrement qui s’inscrit dans des valeurs diamétralement opposées à celle de la République de 1958. En effet, la position de la République “une et indivisible” relève d’une phase historique précise de l’Histoire. Aujourd’hui, il convient de voir la réalité dans les différents éléments de l’époque moderne. L’autonomisation vers un fédéralisme étatique ne serait que le premier pas vers un fédéralisme intégral. En effet, le rêve d’une vision libertaire du fédéralisme comment par le fait de démanteler l’État unitaire au profit des régions, puis des départements. Nous vivons une époque historique particulière. Elle est cruciale dans le développement de nos territoires, mais aussi dans le fait de voir que nous pouvons construire une véritable alternative au jacobinisme. Ce dernier étant repris par les “Versaillais” au sens de l’opposition de la Commune de Paris. L’une des mesures phares serait de déplacer le Congrès de Versailles au sein de la capitale parisienne afin que le sang des communards ne soit pas tombé pour rien. Mais aussi, on constate qu’il y a manifestement une vision qui se solde progressivement par une vision largement “libertaire” dans le projet que je soutiens qui se situe très loin de la centralisation. En effet, la libre-association des régions entre elles s’inscrirait dans le fait de reprendre le pouvoir démocratique que les bourgeois nous ont confisqué en 1789, 1848 et 1871.

La France centraliste est aussi une façon de dominer la liberté individuelle par différentes questions. Toutefois, le système fédéral que je défends s’inscrit dans un cadre bien plus large puisqu’il s’agit dans les faits de fonder une République Fédérale d’Europe avec les valeurs universalistes. En effet, le fédéralisme au sein d’un État serait que superficiel. Dès lors, il convient de converger vers les partisans du modèle Républicain et Fédéral au sein de l’Union Européenne afin de faire tomber toutes les couronnes, mais aussi de s’intégrer le fédéralisme comme des valeurs fondamentales. En effet, le projet d’une Union Européenne fédérale sans des fédérations ne pourrait pas tenir dans le temps. En effet, le fédéralisme européen a besoin d’avoir son propre modèle avec des règles communes afin d’éviter une telle division comme c’est le cas, mais aussi de démocratiser de fond en comble l’Union Européenne. Aujourd’hui, le Parlement Européen n’a que très peu de pouvoir sur la commission européenne puisqu’elle fait la pluie et le beau temps. Pire, la Commission Européenne représente tous les gouvernements alors qu’elle n’a pas le mandat de ces derniers. Ainsi, il convient de transformer la Commission Européenne par un gouvernement fédéral et les députés européens par des législateurs. Il doit pouvoir avoir le moyen de faire censurer le Premier ministre fédéral. Toutefois je pense que sur la question de la présidence, il convient de créer un véritable statut représentant l’ensemble de l’Union Européenne. Hélas, avec le repli nationaliste, tout cela n’est qu’un projet utopique à dix mille lieux du néoconservatisme et illibéralisme progressant partout au sein de l’Union Européenne sans que cette dernière puisse avoir le dernier mot. En effet, les sanctions sont très rares afin de ne pas froisser les États membres même lorsque ces derniers ont pris un virage antidémocratique comme en Hongrie ou en Pologne.

La question du Brexit m’a foncièrement marqué et je vois cela comme un repli souverainiste et identitaire accentué d’un certain nombre d’obscurantismes et de fausses-informations. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est dans une position isolationniste. Certains partis au sein de l’Union Européenne proposent de sortir de cette dernière. Dans tous les cas, nous le voyons très bien que le Brexit est une catastrophe à court et moyen terme sans parler du long-terme. Le “réveil des nations” n’est en réalité qu’une supercherie intellectuelle. Il n’a aucun objectif louable si ce n’est d’appauvrir durablement les travailleurs à travers une inflation hors de contrôle en lien avec la volatilité de la monnaie tout comme celui d’un ultralibéralisme divisant encore plus la nation afin de faire régner la haine et la peur. En opposition à cela, il y a naturellement le souverainisme de l’Union Européenne. Toutefois, l’Union Européenne actuelle a une politique assez dramatique en termes de valeurs qu’elle dégage. La question d’en finir avec “l’Europe Forteresse” devient fondamentalement nécessaire afin de casser les barbelés à ses frontières et faire régner un “véritable monde libre”. Le repli de l’Union Européenne sur elle-même au travers des présidences successives de la Commission Européenne fait de moins en moins rêver. Il convient de créer à nouveau le rêve européen.

Je n’ai peut-être la même philosophie que Robespierre sur l’aspect de l’organisation de l’État, mais je suis un républicain convaincu et progressiste. Les partisans tentent de nous faire passer pour des partisans de la monarchie et des idées féodaux. Or, nos voisins outre-Atlantique ont démontré très tôt qu’il était possible de faire régner les Lumières, le progrès, la démocratie tout en fondant une République fédérale. Bien sûr que la démocratie en Amérique résulte du fruit d’une longue colonisation des peuples indigènes, il ne faut en aucun cas nier le fait que l’expansion américaine résultait dans les faits d’un impérialisme sanglant avec des guerres en vue de réduire les indigènes et de les chasser de leurs terres natales. La vision que porte Tocqueville sur “la démocratie en Amérique” s’inscrit dans les faits d’une vision ethnocentrée. Après des massacres sans nom au nom de certaines valeurs en opposition avec le véritable progrès, la constitution américaine est toujours un fédérale depuis près de trois siècles malgré de nombreux amendements apportés à la constitution.

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