En France, l’alliance du centre et de l’extrême-droite tend à soutenir des thèses en rendant hommage notamment à Jean-Marie Le Pen. Clairement, le barrage républicain n’existe plus, mais le barrage historique sur l’expression : « never again » n’est plus là. Les temps changent, mais un conflit en particulier essentialise une population et parfois avec un effet plus ou moins voulu. En cette journée de commémoration de la libération d’Auschwitz-Birkenau par l’armée rouge, l’effroi nous rappelle cette destruction d’un peuple.
Aujourd’hui, l’extrême-droite utilise tellement les éléments de langage qu’occasionnellement, on se demande si la théorie révisionniste de l’extrême-droite israélienne (la coalition du Likoud et ses alliés) sur la Shoah n’est pas le cœur du problème en elles-mêmes et une insulte aux victimes de ce génocide. Il semble nécessaire de rappeler à bien des égards que le crime contre l’Humanité par les nazis s’est soldé par un ensemble de condamnations, dont certaine à mort (et il y avait eu la même chose au Japon). Une chanson me revient souvent dans la tête : Zog Nit Keynmol à savoir « Ne dis jamais [que c’est ton dernier chemin] ». Le fait de réduire un peuple en voulant le supprimer, le déplacer, l’annihiler par tous les moyens possibles ne devrait pas être possible au XXIe siècle. Mais, les faits à Gaza parlent de l’horreur. L’Histoire jugera les crimes contre l’Humanité de la coalition gouvernementale actuelle (et ses responsables). Mais la construction historique n’est pas vouée à se répéter à maintes reprises. Les humanistes qui se sont levés contre l’extermination des Juifs, ce sont les mêmes qui se lèvent contre l’extermination des Gazaouis au nom des pires argumentations que notre époque moderne a connues.
J’ai un devoir de mémoire et je n’ai pas une interprétation à géométrie variable comme la droite (et ses alliés d’extrême-droite) et le centre. Certains me diront que je fais du relativisme. Dans l’horreur, la comparaison des méthodes abouties toujours à ce que dit ma grand-mère (96 ans) : quand est-ce qu’on mettra fin à toutes les guerres. Je crois à la paix et j’ai beaucoup soutenu l’idée de fraternité entre les peuples au sens marxiste du terme. Ma grand-mère est une de ses personnes qui a vécu la Seconde Guerre mondiale et qui sait de quoi elle parle quand elle parle de l’extrême-droite et des morts que cela implique. Pourtant, elle aurait souhaité que les guerres s’arrêtent, mais son vœu le plus cher ne sera jamais exaucé et elle décèdera un jour et les guerres continueront.
L’extrême-droite progresse par un discours de radicalisation des questions identitaires imprégnant la société civile, dont WordPress soutient désormais le président américain. Le problème majeur dans un soutien absolu à la politique de Nétanyahou et sa coalition suprémaciste repose sur le fait qu’elle s’est construit avec le terrorisme soit en nommant des terroristes « ministres » soit en le finançant. En d’autres termes, le parti qui a financé le terrorisme dans la région, c’est le Likoud. Inviter une personnalité du Likoud, c’est invité un terroriste. De cette manière, les politiciens français et même certaines organisations juives ont permis le défilement de ce discours raciste. La normalisation des idées de Jean-Marie Le Pen en France est la même chose que la normalisation des idées d’Itamar Ben-Gvir en Israël. Dans ce sens, la société israélienne se fracture encore qu’elle n’est fracturée et le refus d’une commission d’enquête sur le rôle de l’Etat Israélien dans le refus d’admettre qu’il a financé l’attaque du 7 octobre 2023 apparaît comme très grave. Auraient-ils des choses à cacher aux familles ?
Je crois dans une solution à deux états et beaucoup de personnes qui se sont ralliés à Nétanyahou partage dans les faits la position complotiste et néofasciste finalement des pires antisémites européens et américains, à savoir l’idée un État maximaliste. Comment s’en sortir lorsque dans une grande partie des écoles et dans les médias, la parole d’Itamar Ben-Gvir est relayé de façon ardemment et soutient clairement tous les pogroms, tous les massacres et le génocide à Gaza au nom de la suprématie de parti « Force Juive » ? Certains parlent à bon escient de l’endoctrinement d’une jeunesse par le Hamas à Gaza (financé par le Likoud et ses alliés). Certains voient dans le fait d’enrayer le Hamas, l’idée d’une réponse semblable à la « dénazification » qui a eu lieu en Allemagne. En Israël, seul le processus de « Délikoudisation » permettra aux Israéliens d’avoir des partis qui ne financent plus le « terrorisme islamique », « les prises d’otages » et les « exécution d’otages » par les soldats de Tsahal. Le retour d’un État de droit en Israël et non un « État légal » comme l’ont théorisé les pires antisémites qui sont repris permet de rappeler les valeurs racinaires de ceux qui prétendent défendre Israël.
Certaines personnalités en France comme Yaël Braun-Pivet se sont rangées derrière le Likoud et Itamar Ben-Gvir, ce qui explique ses positions jusqu’au-boutiste et sa proximité avec Marine Le Pen. Israël est d’ailleurs plus vraiment une nation indépendante tant elle dépend de l’aide des États-Unis d’Amérique, soit sur la question de l’aide qui est accordée, soit sur la question de l’armement. Sa dette devient difficilement soutenable comme le note Moody’s avec une note Baa1. La guerre ethnique ruine les finances israéliennes et à ce niveau de dégradation, il n’est certains qu’à un moment donné, le pays soit face à un défaut de paiement. La dette publique israélienne était de 61% du PIB en 2023 contre quasiment 69% en 2024. La note est suspendue actuellement à des négociations, seule solution pour sortir de ce conflit meurtrier où les deux partis prenants pourront aboutir à une stabilisation et à une résolution harmonieuse. Mais, cela ne durera pas éternellement tant que le Hamas restera et le Likoud comme ses alliés seront au pouvoir.
Un jour Lénine a écrit un livre qui se nommait : Que Faire ? Cette question assez large permet de mieux se saisir d’une résolution simple, mais cela demande des sacrifices des deux côtés. Aujourd’hui, la sociologie a démontré depuis longtemps qu’on ne détruit pas une idéologie par les bombes ou les roquettes, mais par la déradicalisation. C’est Israël dans ses frontières 1967 qu’il faut garder à l’esprit et Jérusalem-Est comme capital de la Palestine. Refuser le contraire, c’est se placer dans le champ d’un conflit pour des responsables qui ne considèrent que l’être humain comme une variable d’ajustement d’un projet totalitaire. En Israël, il existe encore des élections, mais le projet final d’Itamar Ben-Gvir reste une société religieuse fondée sur la Torah comme le Hamas est fondé sur le Coran. Les théocraties sont des plaies pour l’Humanité.