
Une déficit comme résultante des choix politiques
Depuis la moitié de l’année 2024, on nous parle sans cesse du déficit public et comme résultante de la dette publique. Les conservateurs et les libéraux nous expliquent que nous vivrions au-dessus de nos moyens avec comme résultante un excédent des dépenses publiques. Cette fable ne permet pas d’expliquer une réalité : le déficit public est passé de 60 Mds en 2017 à 170 Mds en 2024. La dépense publique est passée de 55,2% en 2019 à 57,3% en 2023 et les recettes publiques de 52,8% en 2019 à 51,9%. Mécaniquement, le déficit s’envole. Pourtant, la baisse des recettes publiques n’a pas profité à l’ensemble de la population, mais uniquement à une minorité : classes aisées et grandes entreprises. L’idée originelle revenait à soutenir que la baisse de la dépense publique sur certaines catégories allaient recréer un regain d’activité via des investissements afin de dynamiser la croissance. Or, la croissance n’a eu de cesse de baisser tendanciellement hormis le rattrapage conjoncturel post-COVID. Cela permet à bien des égards de voir que le déficit est un choix politique résultant de certaines idées économiques, mais qu’il n’est pas une fatalité.
Les mêmes politiques entraînent les mêmes conséquences économiques. Aujourd’hui, on nous explique que nous dépenserions trop. Il est vrai que la dépense publique a légèrement augmenté (+2,1% du PIB en cinq ans), mais les services publics se sont dégradés. Une réalité intervient dans ce mécanisme : les aides aux entreprises ont sensiblement augmenté au point qu’en 2023, la cour des comptes les chiffrait à 270,4 Mds d’euros, soit près de 40% du budget de l’État. Forcément, une telle somme a un impact considérable dans le fonctionnement de l’économie puisqu’en réalité, il n’y a quasiment impact économique. La croissance est même en berne. De cela, il en demeure pas moins que n’importe quelle personne de sincère admettrait que l’échec de ses choix. Or, les tenants de néolibéralisme ne veulent pas remettre en question cette approche, ce serait ouvrir une « boîte de Pandore ». Mais si cela ne fonctionne pas, en augmenter la dépense publique pour les entreprises. L’austérité a démontré ses effets néfastes avec une rétractation du PIB.
Aujourd’hui, nous payons le choix des néolibéraux qui veulent une baisse de la dépense publique de 60 Mds d’euros, soit près de 2% du PIB. Or, pour peu que certains aient pu faire de la macroéconomie, la dépense du budget de l’État se traduit inexorablement par une somme en moins dans l’économie du pays. Tous les ajustements structurels ont connu le spectre de la décroissance. Ironiquement, les partisans du néolibéralisme vocifère cette dernière, mais sont les premiers à la conduire progressivement. Pour un choc économique de la Grèce, il a fallu une quinzaine d’années pour que celle-ci puisse s’en sortir. Dans une économie mondialisée et notamment au sein de l’Union européenne et qui plus est lorsque l’Allemagne se retrouve en récession, les conséquences ne seront pas nationales, mais européennes. À partir d’un moment, il advient réaliste d’affirmer que tout ce qui se joue aujourd’hui repose sur les choix d’une majorité qui était absolue, puis relative, puis une majorité du centre jusqu’à l’extrême-droite. On connaît déjà les conséquences économiques de ce qu’il se joue à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Pas besoin d’être Mme Hirma.
Le niveau de vie baisse des classes populaires et moyennes baissent
Une réalité apparemment difficile à saisir pour la classe politique vivant dans un « monde alternatif » : le niveau des classes populaires et moyennes baissent sensiblement en salaire net comme le confie l’INSEE. De cette manière, la déralisation ne peut que se baser sur la « post-vérité ». Ce mensonge permanent tend à faire croire que le niveau de vie augmente, mais les chiffres disent le contraire. Or, les réformes du travail, de l’assurance-chômage, des retraites, etc. ont baissé le niveau de vie d’une grande partie de la population. De cette manière précise, on se rend compte que lorsque la demande baisse, l’offre ne peut que baisser, ce sont les joies du marché. La dévaluation interne promettait « mondes et merveilles », elle n’a apporté que l’inverse « ténèbre et récession ». Forcément, une partie de ceux qui voulaient simplement « vivre mieux » se sont pris les foudres de « Jupiter ».
Le choix de nombreux électeurs sur le néolibéralisme s’est soldé comme une vaste mascarade. Ils ont cru et se sont trompés. La gauche via la NFP voulait changer de logique du logiciel. Or, nous avons très bien vu que toucher au néolibéralisme se soldait face à un front commun allant du centre à l’extrême-droite (qui a glorifié Reagan, Thatcher et loue les solutions de Trump et Milei). Dans les faits, la désillusion a considérablement poussé une partie de l’opinion vers l’ultralibéralisme voir le libertarianisme américain au nom du patriotisme.
Que reste-t-il à dire sur ce déficit public ?
Déjà, on ne sortira pas de la spirale du déficit sans une remise en cause totale du néolibéralisme : un modèle économique reposant sur la dette publique pour financer les entreprises (dont essentiellement les plus grandes) ne pourra qu’augmenter les effets actuels. Même en mettant 400 Mds d’euros dans l’aide aux entreprises, la demande ne décollera pas et la croissance non plus. À partir de ce moment précis, il semble réaliste de remettre en cause objectivement les aides aux entreprises, car elles n’ont pas montré leur efficacité. Il semble réellement les conditionner au cas par cas. Cela permettrait de transformer d’une part cette manne financière vers des secteurs qui en ont besoin : Éducation Nationale, Enseignement Supérieure et Recherche, etc.
Les citoyens demandent que la force publique serve précisément une politique en faveur du « commun ». De ce fait, la contradiction se retrouve dans un sens inverse : les politiques publiques ne servent qu’une minorité. Cela cristallise l’opinion qui se sent bafouer. Grâce au chemin qui est pris, les polémiques concernant l’identité, la sécurité et l’immigration ne permettent pas un vrai débat économique sur les enjeux de la dépense publique. En bâclant le débat parlementaire, on intervient dans une donne populiste entre le « camp du bien », c’est-à-dire le camp de la classe dominante qui sait mieux que tout le monde, et « le camp du mal », c’est-à-dire les classes populaires et moyennes.
Le déficit public en 2020 était de 8,9%, cela n’a pas posé de problème. La vraie problématique repose dans le fait qu’une grande partie de la dépense publique sert les services publics et c’est cela qui horripile les conservateurs et les libéraux.